Être entrepreneur, débutant ou confirmé, n’est pas une mince affaire. Outre le fait de devoir se battre au quotidien contre les préjugés, l’inertie administrative, la concurrence (parfois déloyale) et le système (peu, voir pas du tout avantageux), être entrepreneur c’est aussi bien souvent être un incompris. Etre entrepreneur c’est une lutte :
– contre les préjugés : il y en a de toutes sortes, ceux inhérents à la taille de l’entreprise, où on vous fait comprendre qu’on ne pourra pas faire affaire avec vous parce que vous êtes une TPE (en se privant bien souvent d’une plus grande réactivité)… le préjugé dit « du provincial » où lorsque vous « monter à la capitale » on vous prend pour un abruti parce que vous venez de la « campagne » (sisi celui-là existe toujours je vous assure)… et les préjugés habituels de la condition du chef d’entreprise, vous savez, celui qui est forcément un esclavagiste, un exploiteur et un gros riche cochon de capitaliste… mais si, on vous l’a sûrement déjà faite celle-là : « t’es patron alors t’es plein de pognon »… Une idée partagée comme ça il y a peu, lors d’une discussion : « proposer une formation aux salariés sur la condition de patron, afin qu’ils appréhendent un peu plus les difficultés et les coûts de la masse salariale et des charges », ça ouvrirait peut être les yeux de certains… Attention, je ne parle pas là du « patron-pilote », celui qui a été nommé pour occupé cette fonction, je parle du « patron-entrepreneur », celui qui donne tout pour la « survie » de son entreprise. Des préjugés, il y en a des tonnes, comme autant de moulins à vent contre lesquels se battre au quotidien…
– contre l’inertie administrative et le système : la paperasse et autres jolies petits bâtons qu’on prend plaisir à vous foutre dans les pattes à la moindre occasion… Toutes ces charges (Urssaf, Assedic, Impôts, CSG, RDS, RSA…) qui vous donnent l’impression de faire des chèques au sacrosaint Trésor Public un peu plus chaque semaine… Les injustices du système qui font qu’en tant qu’entrepreneur vous cotiser pour aider les chômeurs (très bien, pourquoi pas) mais qui font surtout que le jour où tout s’arrête pour vous, vous n’avez droit à rien, même pas au chômage… Elle est pas belle la vie ?? Et des comme ça, il y en a encore des tonnes et des tonnes qui font que bien souvent vous avez l’impression (mais n’est-ce qu’une impression ?) de bosser 10 mois de l’année pour pouvoir payer vos charges, taxes et autres impôts et seulement 2 mois pour votre survie…
– la concurrence déloyale : celle-là je ne vais pas m’étendre dessus, il paraît que ça n’existe pas… Bah voyons… Juste une petite anecdote, comme ça, mais j’en connais même certains qui demandent des devis à leurs concurrents, se basent sur le moins cher et établissent leurs prix à 10 ou 15% moins cher… Ça s’appelle du dumping et c’est illégale, mais qu’importe du moment qu’ils font du « business »…
– l’incompréhension : le pire pour une entrepreneur… c’est d’être incompris… Un entrepreneur, ça pense, 24h/24h, 7j/7j à la survie de son entreprise, au développement de son business, aux opportunités ratées, à celles à venir, à a gestion commerciale, à la comptabilité, à la trésorerie, aux stocks, aux investissements, au planning, à la veille (concurrentielle, technologique…)… Un entrepreneur est toujours en éveil et cela créer parfois des décalages, des incompréhensions, qui le font parfois passer pour un dingue… Il est d’ailleurs bien possible qu’il le soit, car devenir entrepreneur (et le rester) est un parcours du combattant sans fin…
Alors à force de lutte et d’incompréhension, l’entrepreneur se sent parfois seul, isoler, un peu paumé… J’écris cet article, parce qu’on a tous, à un moment ou un autre été confronté à ce sentiment… Et j’en connais beaucoup en ce moment même qui se posent des questions… On en parle (encore hier), sur les réseaux sociaux, sur le web ou IRL… A ceux-là (et je sais qu’ils se reconnaîtront), je veux leur dire, non, vous n’êtes pas seul et si les difficultés sont réelles, nombreuses, et les embuches toujours plus grandes à chaque nouveaux pas… il ne faut pas oubié notre motivation de départ : être différent, construire notre propre route, faire de notre mieux, pour nous, pour notre famille… et tant pis si aux yeux du plus grands nombres nous meritons la camisole… Courage les gars, entre nous on se comprend, on s’entraide, et c’est déjà pas si mal… 😉
Oui le Patoche est en mode introspection depuis quelques temps déjà… parce qu’il y a tant à faire, tant de projets ambitieux et passionants et tant de bâtons dans les roues… Je compatie à la douleur de certains de mes compagnons de route…
6 réponses à “La solitude de l’entrepreneur”
Voila une bonne synthèse de ce que l’on vit tous les jours !
Bonne journée Patrice …
Merci Patrice pour ce beau billet qui présente assez bien les difficultés de l’entrepreneur.
La rentrée est souvent l’occasion de tracer les perspectives après le bilan (général, pas seulement financier) d’avant les vacances.
Il est toujours difficile pour un entrepreneur d’exprimer des difficultés alors que, confusément, comme tu le dis, il est supposé avoir une vie épanouie et confortable, qu’il a choisie et qu’il doit assumer. Par ailleurs la réflexion, le doute lui sont interdits et assimilés à une plainte, une faiblesse. La réflexion, le recul sont pourtant indispensables à l’action.
Tu soulignes également l’importance des réseaux sociaux qui permettent plus qu’avant d’échanger et de combler une part de la solitude de l’entrepreneur. Cela permet d’échanger et d’exprimer assez facilement sur les petites difficultés de la vie quotidienne mais aussi sur des questions plus vastes.
On y rencontre souvent, pourvu qu’on y soit attentif, la contribution qui va mettre en perspective (parfois brutalement) et qui va permettre de rebondir et d’agir. La version moderne du coup-de-pied au cul.
L’essentiel est de ne pas perdre la foi et de conserver la confiance de ceux qui comptent. Je ne sais pas si je compte, mais j’espère participer positivement au peuplement de ta solitude.
Philippe.
@l’épicier : merci voisin 😉
@phileas : merci l’ami et tu sais bien que tu fais partie des gens positifs, qui comptent et avec qui j’ai toujours plaisir à échanger 😉
Wow. C’est quand je te lis que je me rappelle soudain combien l’entreprenariat n’est pas valorisé comme il doit l’être. Evidemment, ça me semble venir d’une autre planète. Oups. C’est vrai, moi, je vis aux Etats-Unis. Tout s’explique peut-être. Etre une TPE ici est si simple et au contraire archi-valorisé. Même si en période de récession et de difficultés économiques comme en ce moment, bien peu tiendront la route, au moins on n’est pas en butte à ces tracasseries et encore moins à l’administration qui nous fout une paix royale.
Waou… voilà un prêche de rentrée bien envoyé.
Douter est sain, et l’entreprenariat ne serait pas aussi intéressant sans tout ces tracas, heureusement compensés par d’autres avantages qu’il faut continuer à voir. Allez, go l’ancien !
Bon, alors ça c’est envoyé comme il se doit et c’est tellement vrai. Je pense que je vais m’expatriée aux States, apparemment c’est beaucoup plus vivable alors!!!
Et comme le dit Patrice, il y a toujours des personnes autour de nous qui connaissent notre valeur et notre envie d’y arriver, et c’est le plus important!!!
Alors à ceux ou celles qui doutent : un seul mot, contactez-nous :
LA PECHE CONTINUE!!!